Quelques moulins dans les Landes (1803-1926)

Les moulins étaient il y a un siècle un élément du quotidien. La permanente préoccupation du pouvoir central pour contrôler l'utilisation des rivières a produit de nombreux documents les concernant, tandis que leur complexité technique a souvent nécessité la réalisation de plans détaillés. Au-delà des habituels moulins à farine qui, dans les Landes, présentent parfois des spécificités, on trouve trace de très insolites projets.

Sous l'Ancien Régime le moulin est souvent propriété d'un noble ou d'une communauté ecclésiastique, en particulier à cause du coût de sa construction et de son entretien. Souvent l'obligation de son usage participe des droits seigneuriaux. Dans les Landes la plupart des moulins, dont la vocation principale est la mouture des grains, fonctionnent avec la force hydraulique et, pour cette raison, se situent à proximité de ruisseaux à faible débit et à hauteur de chute modeste. Dans la quasi-totalité des cas, les meules sont disposées horizontalement.

A la Révolution, une redistribution et une démocratisation de leur propriété a lieu, notamment par la confiscation des biens ecclésiastiques et des biens d'émigrés, ainsi que par l'abolition des privilèges et la suppression des droits féodaux. Dès le premier quart du XIXe siècle, on constate un accroissement spectaculaire du nombre des moulins; il semble être lié à une plus grande possibilité de s'en rendre acquéreurs ou d'en construire. Même si d'anciens possesseurs réussissent à conserver leur patrimoine, la bourgeoisie voit l'intérêt de s'approprier des moulins en bon état de conservation.

Cette forte activité meunière est également la conséquence de l'importante activité agricole basée sur une croissance des superficies consacrées aux céréales. Ainsi, de 1789 à 1852, les superficies emblavées passent, dans le département, de 16400 hectares à près de 23900. Toutefois, dans la deuxième partie du siècle les prémices de la révolution industrielle portent atteinte au développement des moulins et, au début du XXe, l'évolution technique de la meunerie leur porte un coup fatal. Depuis la fin du XIXe siècle leur nombre ne cesse de décroître inexorablement.


Voir le documentLe premier quart du XIXe siècle correspond à l'apogée des moulins dans les Landes. En 1811, on dénombre prés de 700 moulins dans le département. Si leur nombre est à première vue important, il faut le nuancer par l'irrégularité fréquente de leur activité. Beaucoup ont un rythme de fonctionnement saisonnier, tributaire des contraintes à la fois physiques et économiques. Alimentés très souvent par des ruisseaux au débit très faible, les moulins sont sensibles aux déficits de précipitations estivales, caractéristiques de la région. Il est probable aussi que l'activité s'interrompt en période de soudure, de manière plus ou moins importante selon les années. En réalité la pleine saison de l'activité meunière se situe en automne et en hiver.

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Voir le documentA partir de la seconde moitié du XIXe siècle, le déclin important du nombre des moulins est d'abord du à la concurrence faite par quelques uns qui ont été modernisés, ensuite par la création d'entreprises mieux équipées qui entraînent une surproduction de farine. Ce déclin spectaculaire d'une activité pendant longtemps vitale pour les communautés villageoises ne s'explique pas seulement par des raisons économiques et techniques propres à la meunerie mais également par les changements de mode de vie des consommateurs. Les habitudes alimentaires évoluent et la consommation de pain diminue.

Voir le documentLe piquetage de la meule se faisait souvent avant de moudre du maïs, plus rarement du blé. C'était une opération longue, pénible et délicate : longue et pénible parce que cette manœuvre se faisait très souvent à la main avec des rouleaux en bois, délicate parce que la façon dont l'opération était conduite conditionnait la qualité de la mouture.


Le début du XIX°e siècle est aussi une période fertile en inventions et expériences en tout genre parmi lesquelles des projets insolites sont conçus par des hommes ingénieux, dans le cadre de concours organisés par des sociétés savantes. Dans les Landes le préfet Valentin-Duplantier, s'intéressant à l'agriculture, favorise le développement de la Société d'agriculture, sciences et arts, fondée en 1797. Cette société joue, à cette période, un rôle important dans l'histoire landaise. Parmi ses fonctions l'organisation de concours dans le domaine de l'agriculture et de la technologie, permet à ses membres, actifs, de contribuer à bon nombre d'expériences et d'inventions, avec plus ou moins de succès.

Voir le documentL'implantation des moulins à vent dans le département est très peu développée en raison, d'une part de l'irrégularité des vents, d'autre part de l'impossibilité d'utiliser plusieurs meules avec la force éolienne. Cette contrainte technique limite leur emploi à une seule céréale. Afin de pallier ce problème technique, Grouvel s'applique dans son projet à adapter une deuxième meule dans le mécanisme du moulin à vent.

Voir le documentCe moulin se présente comme une auge circulaire dans laquelle roulent deux roues en bois. Celles-ci sont entraînées par un bras de levier tournant sur un pivot fixé au centre de l'espace qui renferme l'auge. Le cheval, attelé au bras du levier et retenu par une perche, tourne autour de l'auge. Mises ainsi en mouvement, les roues foulent la quantité de chaux mélangée au sable et à l'eau. Le mortier qui est continuellement pétri peut alors être utilisé par les maçons.

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La machine est actionnée par la force de l'homme. Un balancier, placé en croix à chaque bout de l'essieu, aide au mouvement. La machine se compose d'un châssis en bois de chêne, surmonté d'un cylindre en pin. Il est revêtu d'une feuille de tôle laminée et percée, en quinconce, de trous égaux et rapprochés, afin de former une râpe circulaire. L'eau participe au procédé de la fabrication car, d'une part elle facilite l'action de la râpe sur la pomme de terre et d'autre part permet le délayage de la farine pour son transport dans le circuit du moulin.
 


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La force hydraulique peut également être utilisée pour d'autres activités de type industriel, telles que les forges. On constate que, bien souvent, celles-ci sont installées à l'emplacement d'un ancien moulin, à proximité d'un cours d'eau, et se substituent à lui.

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Ingénieur du service ordinaire des ponts et chaussées pour l'arrondissement de Dax de 1841 à 1853, Henri Crouzet est aussi chef du service hydraulique des Landes de 1853 à 1870. Il est un des meilleurs artisans de l'œuvre d'assainissement des Landes de Gascogne. Fort de sa parfaite connaissance du milieu géographique local et des méthodes de drainage pratiquées depuis longtemps par les propriétaires landais, il rédige plusieurs rapports semblant prouver qu'il a été un des inspirateurs de la loi du 19 juin 1857, relative à l'aménagement des Landes de Gascogne.

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Natif des Ardennes, l'industriel Pierre Bertrand-Geoffroy donne une nouvelle activité aux forges d'Abesses, à Saint-Paul-lès-Dax, dès 1830 et se lance dans un projet de transformation du moulin de Poustagnac au moment où la métallurgie landaise est en pleine expansion. Homme d'innovation, il décide de donner un second souffle à la fabrication du fer en créant en 1838 la " Société des hauts fourneaux, forges et laminoirs de l'Adour ". Il mène également une carrière politique à l'échelle locale, en étant maire de Saint-Paul-lès-Dax de 1855 à 1859.

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Voir le documentLe marquis de CORNULIER est issu d'une ancienne famille de la noblesse bretonne. En 1813, il entreprend une carrière militaire au service de Louis XVIII. Cependant ses convictions ne lui permettant pas d'adhérer à la monarchie de juillet, il quitte l'armée en 1831. Une rencontre avec le baron d'Haussez, suscite chez le marquis un intérêt croissant pour le développement économique du département des Landes. Dès 1836, il s'établit avec sa famille à Mont-de-Marsan dans une aile de l'hôtel Papin et achète des terres à Saint-Pierre-du-Mont et à Saint-Médard afin d'y créer une zone maraîchère. Quelques années plus tard, il acquiert la chute d'eau et le vieux moulin du Roi à Mont-de-Marsan, réalisant son rêve de créer une minoterie. Devenu alors industriel, son projet d'établir une scierie mécanique s'inscrit dans un vaste programme d'aménagement des rives de la Midouze. Lors de son séjour à Mont-de-Marsan, le marquis de CORNULIER a été l'un des précurseurs de l'industrialisation de la ville, faisant passer la région montoise d'une économie autarcique à une économie ouverte vers l'extérieur.
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